Paru dans l’Écho de Bougie de 2000
Extrait de "Mémoires de Bougie"
par Yvan Comolli


LE DÉSASTRE DES NEIGES


LE DÉSASTRE DE LA NEIGE (22 et 23 février 1852)

En février 1852, une colonne commandée par le Général BOSQUET fut victime à proximité de BOUGIE, d'une catastrophe provoquée par une violente tempête de neige.
Après avoir participé à des opérations en KABYLIE contre l'agitateur BOUGARGHLA (...), la colonie du Général BOSQUET bivouaqua le 4 février dans la région de TAOURIRT IGHIL. Elle fut alors employée, sous la conduite du Capitaine du Génie FAIDHERBE, à la construction d'une route stratégique reliant BOUGIE à KSAR KEBOUCHE (...).
Le futur Commandant de l'Armée du Nord aurait même contracté lors du «désastre de la neige» des rhumatismes dont il souffrit toute sa vie. Tombé d'épuisement après vingt heures de marche, il aurait péri sans le dévouement d'un soldat nommé Minot, qui le releva et l'aida à marcher.
Les travaux de construction de la route commencèrent dès le 4 février par beau temps. " La température était celle du printemps, écrivait le Général BOSQUET ; on avait cueilli des violettes toute la journée. Le 20, la nuit était chaude lorsque vers une heure du matin, il tomba de la neige sans froid ni vent ".
Le lendemain, la tempête se déchaîna. Le convoi de vivres attendu de BOUGIE ne put gagner le bivouac. Le Général BOSQUET donna l'ordre de lever le camp le 22 au matin. C'est alors que le désastre se produisit, un ouragan épouvantable, mêlé de neige, de grêle, eut lieu sans qu'il fut possible aux hommes de sortir des tentes. Pendant la nuit celles-ci tombèrent écrasées sous la neige. La débandade a été complète et les soldats ne reconnaissaient plus personne. La colonne ne trouvant pas l'avant-garde à TORCHA continua sa route et s'égara. Tout le monde s'accorde à reconnaître que l'Artillerie a fait tout ce qui était humainement possible de faire. La population civile de Bougie fit preuve aussi d'un élan généreux que personne n'a oublié. Parmi les rescapés, 300 hommes présentaient des signes de congélation plus ou moins graves* ; un nombre à peu près égal était resté sous la neige ou dans les eaux des torrents.
Les victimes du désastre, écrivit FERRAUD, furent ensevelies à l'ombre d'un grand caroubier, au pied du mamelon de TAOURIT EL ARBA, sur la rive gauche de la Soummam. Une plate-forme recouvre leurs cendres, que surmonte une croix en pierre sur laquelle est gravée cette simple date néfaste : « 22 et 23 février1852 ».
Située à une vingtaine de kilomètres de BOUGIE, « Le Tombeau de la Neige » est placé au flanc d'un coteau, sur la route d'ALGER à la frontière tunisienne, on y accède par un haut escalier de pierres ; il comprend une vaste plate-forme surmontée d'un monument qui fut érigé par le Souvenir Français et qui porte ['inscription suivante : (1904) « A la mémoire des victimes de la tourmente de neige qui a surpris au camp de Touari Ighil la colonne expéditionnaire commandée par le Général Bosquet - Journées du 20 au 23 février 1852. Souvenir Français ».
Yvan COMOLLI

PS - vous pouvez également allez sur le site du CDHA à cette adresse :
http://cdha.fr/quand-la-meteo-sinvita-dans-la-conquete

* Un médecin militaire dut pratiquer nombre d'amputations. Il s'appelait LAURE et une rue de Bougie, situait au Camp Inférieur, porte son nom.


Photo transmise par M. Aïssani de Bougie
Voir autres photos
Haut de Page