La patience paie,
nous venons d'avoir des nouvelles dAntonin Picone. Ce dernier
nous a retracé laventure et les origines de cette cloche.
Voici un extrait de sa lettre datée du 11 décembre 2002
:
" En novembre 1942, devant Bougie, a été coulé
un bateau de transport de troupes anglais du nom de SS Cathay (***).
Mon grand-père maternel, Picone Antonin scaphandrier de son état,
a récupéré quelques années plus tard sa
cloche de guindeau (*). Il a ensuite fait don en 1959 de cette cloche,
à la chapelle militaire de la caserne Charles Roux de Bougie.
Mon père et ma mère étaient parrain et marraine
de cette cloche. Je nétais pas à Bougie lorsque
cette cloche a été donnée à laumonier
de cette chapelle ni au moment de la cérémonie de parrainage,
j'effectuais mon service militaire, cest mon père
qui ma raconté cela lorsque jai été
démobilisé. Cette cloche porte une plaque de cuivre rivée
avec linscription suivante : don de M. Picone Antonin maître-scaphandrier
- Marraine Picone Catherine - parrain Picone Stéphane - Bougie
le 24 septembre 1958. A partir de cette date on ignore ce quest
devenue cette cloche. Mais on la voit de nouveau apparaître dans
le courant du deuxième semestre 1962 sur le port d'Oran
entre les mains dun aumônier militaire qui, rentrant en
France et ne pouvant sen charger, en fit don à lofficier
dembarquement qui travaillait sur place. Ce dernier à son
tour rejoignit la métropole avec la cloche quil conserva
un certain temps et en fit don à un musée campanaire des
environs de Toulouse où elle a enfin trouvé le repos qu'elle
mérite. Cest un colonel retiré à Péyrac
dans lAude qui ma raconté tout cela dans une lettre
et offert un exemplaire de la revue lAlgérianisme dont
il est un collaborateur. Il souhaiterait reconstituer au mieux le parcours
terrestre de cette cloche au cours de ses quatre dannées
algériennes de Bougie à Oran ".
NDLD : comme nous le précisons dans nos avis de recherches, cette
cloche était en dépôt au musée campanaire de l'Isle-Jourdan
dans le Gers. Lors de notre visite en juin 2003, cette dernière
n'était pas encore visible car le musée n'avait pas d'informations
précises sur ses origines. Voilà qui est fait à
présent.
* guindeau : en
terme de marine, treuil à axe horizontal servant à virer
la chaine de l'ancre. La cloche du Cathay porte sur sa panse le nom de J.B Laugier !
** campanaire : d'usage ancien, du latin campana, cloche, est peu connu
, car il a disparu depuis une vingtaine d'années de nos dictionnaires.
L'art campanaire est donc l'art des cloches : leur fabrication, les
traditions et les pratiques qui s'y rattachent, leur histoire. (extrait
du dépliant remis par ce musée)
*** Cathay (au Moyen-Age nom donné à la Chine) : paquebot lancé le 31/10/1924 par la Barclay Curle & Co de Glasgow, pour la société The Peninsular and Oriental Steam Navigation Company (P & O). Cette compagnie de navigation desservait les ports d'Orient et d'Australie. Deux autres unités semblables furent construites : le Cormorin et le Chitral, ce dernier par les chantiers Alexander Stephen and Son de Glasgow. Le Cathay était un paquebot de 165 m de long et 30 de large, propulsé par deux hélices à la vitesse de 16 noeuds. Ces bâtiments, comme beaucoup d'autres, furent transformés en croiseurs auxiliaires ou transport de troupes au moment de l'entrée en guerre. Le Cathay fut affecté dans un premier temps dans l'hémisphère sud pour le compte de la Navy puis en octobre 1942, partcipa au transport de troupes pour l'opération Torch. Son destin l'emmena le 11 novembre 1942 en rade de Bougie où il débarqua des troupes anglaises - "opération Perpetual". Touché à plusieurs reprises par les bombardements déclenchés par les forces de l'Axe, il sombra et le golfe de Bougie devint son tombeau. Nombre de marins et de soldats y laissèrent leur vie. Beaucoup de Bougiotes ont vécu ces journées.