Paru dans l'Avenir de Bougie 2003
Rapporté par Charles Hovelacque

Gaston THOMSON - le destin du Port de Bougie


Qui etait Gaston Thomson et pourquoi en parlons nous dans notre journal?

Gaston Thomson est né à Oran en 1848, mort à Bône en 1932. Il fut député du Département de Constantine pendant cinquante ans et trois mois (*). Il fut l’ami de Gambetta et aussi de Dreyfus. Ministre de la Marine dans les Cabinets de Clémenceau et Rouvier.
Nous lui devons la construction de nombreux navires de guerre, croiseurs et cuirassés qui firent de la Marine militaire Française la deuxième du monde avec les unités les plus rapides (**)
Son œuvre fut poursuivie par Georges Leygues.
Avec son ami le Maréchal Franchet d’Esperay, Pied Noir lui aussi né à Mostaganem, ils estimèrent que le Port de Toulon devenait trop vulnérable en raison des développements rapides de l'aviation européenne (Allemagne, Italie, Angleterre).
Dès 1925 ils estimèrent qu’il fallait transférer le flotte de Toulon à Bougie....! juste en face.
C’est ainsi que commenca la construction de la grande digue en eau profonde qui fermait la baie de Sidi-Yahia au pied du Cap Bouak.
Un grand abri pour sous-marins était prévu sous le Cap avec deux entrées, une vers le Port, l’autre vers le large.
L’arrière-port fut construit comme base aéronavale avec bouées d’ancrage pour les hydravions Goliath et CAMS 53.
L'arsenal de Toulon devait être transféré en dix années sur les terrains où se trouvent désormais les grands réservoirs à pétrole de Hassi-Messaoud (autrefois c’était un immense dépôt d'ordures ménagères de toute la région de Bougie).
Gaston Thomson se déplaça souvent à Bougie dans le cadre de l’étude du futur port.
Vers 1930, le scandale du Port de Bougie avec l’assassinat du comptable Treuillon par le chef de chantier Bendinelli, la disparition totale de la comptabilité brûlée dans le foyer d’une locomotive Pingueley, provoqua un scandale financier énorme.
Les travaux furent stoppés. Une partie des crédits prévus fut affectée à Mers El Kébir qui démarra son développement. Par la suite Bougie ne fut qu’un relais entre Bizerte et Mers El Kébir.
De nombreux hydravions y firent escale sur un plan d’eau calme et libre de 3000 mètres d'Est en Ouest avec décollage au dessus de la grande digue. Certains s’en souviendront.
C’est ainsi que Bougie hérita d’un avant-port qui ne servit en définitive qu’au moment de la mise en chantier de l’extraction du pétrole en Algérie.

* Une plaque de bronze fut gravée en hommage à son action en 1928 (oeuvre de François Sicard - statuaire).
La famille de M. Charles Hovelacque en possède un exemplaire, et a bien voulu nous produire une reproduction sur papier.

** Pour ne citer que : le Charlemagne - Charles Martel - Liberté - Iéna - Jules Michelet - Léon Gambetta - Vergnaud -Kléber - Ernest Rescau - Mirabeau - Jules Ferry - Jean Bart - Démocratie - Amiral Charner - Dupetit - Thouars - Amiral Aube - Diderot - Condorcet - Chateaurenault - Valmy - Victor Hugo - Massena - Bouvines - Saint Louis - Bouvet - France - Formidable.
Gaston Thomson fit également construire les torpilleurs et contre-torpilleurs les plus rapides du monde (45 à 47 noeuds) avec l’ Amiral Aube.
Son ami Charles Dufour, né à Bougie en 1854, était son agent électoral pour la région de Bougie, Djidjelli et Sétif.
Sous son ministère, son ami Emile Bertin, ingénieur général du Génie Maritime qui modernisa la flotte française, fut envoyé au Japon en 1898 pendant cinq ans avec pour mission de moderniser la flotte du Mikado (les fleurs d’acier du Mikado) qui envoya la flotte Russe par le fond en 1905 lors du guet-apens de Tsushima.
M. Hovelacque a tiré cet article des souvenirs de son père, Pierre Hovelacque, qui était Commandant de Réserve du Génie à l’époque où Bougie était encore une subdivision du Génie commandée par le Commandant Josset (chef de la place) et ami de son père avec qui il avait fait la Guerre de 14-18.


L
1930 - Le port militaire et le plan d'eau des hydravions (Farman Goliath et CAMS 53). Malgré la manque de netteté du cliché, on distingue dans l'arrière port les silhouettes de ces appareils.

1930 - centenaire de la conquête de la Barbarie (1830). Escadre de torpilleurs et de contre-torpilleurs dans le vieux port dit port de commerce. A droite du fort Abdelkader (Charles Quint 1510/1514), on distingue (très mal) au loin , l'amorce de la grande digue en eau profonde (- 14m) avec son ponton qui avance en déposant des blocs de 30 à 40 tonnes, le futur port pétrolier. A droite l'ancienne entrée du port qui sera fermée en 1932 pour conclure le nouveau port. La digue du fort Abdelkader sera ouverte à son tour en 1932 pour la communication entre l'avant-port et l'ancien port.

1930 - 1940
Hydravion Farman Goliath. Très souvent en escale dans le port de Bougie (plan d'eau de l'arrière-port), ces appareils, basés à Bizerte, faisaient régulièrement escale à Bougie lors de leurs missions entre cette ville et Mers el Kébir.

Une section de Levasseur PL 15 de la 7B2 en vol avec des Gourdou-Leseurre 811 de la 7S2 au dessus de Bougie.
(agrandir l'image)

1930 - Le sous-marin le Rubis dans le port de Bougie lors du centenaire. Commandant de l'époque Fernand Bayeux. Ce sous-marin était accompagné de deux autres unités le Topaze et l' Emeraude.

NDLR - les photos et les commentaires rattachés sont produits par Charles Hovelacque
 
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