Les balancelles du génois Jacques Schiaffino ont sillonné la mer Méditerranée très tôt. Dès 1758, elles ravitaillaient les différents ports sur tout son pourtour et principalement « La Régence d’Alger ». Ils étaient réputés pour être des marins émérites et il fut même confié au brick « Stella », commandé par Joseph Schiaffino en 1827, la dépêche relatant l’incident dit « du coup de l’éventail » qui fut sinon la raison du moins le prétexte à l’expédition de l’armée française en Afrique du Nord en 1830.
Le premier caboteur à vapeur de la Cie s’appela le “ Notre Dame d’Afrique", ce bateau de 190Tx. fut offert à Charles Schiaffino par M. Achaque – lui-même armateur - lors du mariage de sa fille Rose avec Laurent qui devait devenir à la mort de son père en 1920 un armateur très… Ce petit cargo eut bien des déboires – un incendie obligea les secours à le saborder puis il fut renfloué et remis en état – mais il détient le record de navigation -72 ans- A la fin de la guerre il fut mis au service des Ecoles d’Apprentissage Maritime (celles-ci feront l’objet d’un autre volet) pour la formation pratique et technique des futurs marins. Il fut envoyé à la démolition en 1963. Il n’a pas survécu au départ des français d’Algérie.
En 1939, M. Seguin embarquait à Bordeaux à bord d’un navire appelé le “ Petite Terre ", pour le ramener à Alger où il devenait le “ Prosper Schiaffino 2 dit " Donator ". Celui-ci sombrait au large de Porquerolles en 1945 après avoir sauté sur une mine alors qu’il avait traversé toutes les années de guerre sans égratignure.
Les bateaux de la Cie ont été baptisés de plusieurs façons ; certains seront numérotés... Le XXIV coulera au large des côtes sétoises le 10 décembre 1934 lors d’une grosse tempête alors qu’il se dirigeait vers Sète avec une cargaison de fûts vides destinée à Alger. Il fait l’objet encore de visites de plongeurs sous-marins montpelliérains. Dernièrement ils ont eu à déplorer le décès d’un des leurs.
D’autres, sur l’impulsion de Laurent, porteront les prénoms de toute la famille Schiaffino : Rose, Catherine, Monique ou Ange, le père de Charles, Laurent, etc, et certains les noms de certains ports de la côte algérienne : “Ville de Dellys", "de Ténès" etc. ; 2 unités porteront le nom de “Ville de Bougie". Le numéro 1 aura un frère jumeau le “Ville de Djidjelli" ; Quant au numéro 2, il sera lancé à Nantes en 1955, un de nos compatriotes M.Bihel y a assisté, et deux mois plus tard il fera l'objet d'une grande réception lors de son premier accostage à Bougie.
L’unique paquebot dénommé « Phrygie », qui sera acheté en décembre 1932, transportera à Djeddah, en février 1933, 1500 pèlerins qui se rendent en Terre Sainte ; de retour en août, il sera vendu à la SGTM et prendra le nom de « Sidi Mabrouk ». Il coulera en 1943.
La Société Schiaffino Frères fut créée en 1874 ; elle fusionne avec l'armement " Franseski " en 1892 et devient Compagnie Franseski, Schiaffino et Cie. En 1894, l'armateur Achaque se joint à eux et elle prend le nom e Franseski, Schiaffino, Achaque & Cie. En 1897 après l'apport de Nyer et Sitges elle s'appellera Société de Navigation Côtière Algérienne Schiaffino & Nyer-Sitges. En 1908 Charles Schiaffino s'associe avec A. Jouvet et créent la Charles Schiaffino, A. Jouvet & Cie basée à Bougie. M.Achaque se sépare du groupe pendant la guerre. Enfin en 1919 la compagnie s'appellera Laurent Schiaffino & Cie.
Elle posséda au fil des ans des balancelles, une centaine de caboteurs et navires de 100 à 720 tx, sans compter les remorqueurs Furet 1 et II, etc, et les différentes unités de sauvetage en mer.
A partir de 1975 Laurent Schiaffino reconvertit son armement dans la navigation transmanche. Il sera cédé en 1990 à la SallyLine.