C’est la Société des Aciéries de la Sarre qui fut adjudicataire du marché.
Le Maire, M. Félix Borg, effectua même en novembre 1934, un survol de 35 minutes du chantier de la conduite à bord d’un avion de l’aéro-club de la Soummam (dessin de Roland Pêtre).
Il faut noter aussi, puisque l’on parle d’adduction d’eau, qu’en 1933 un article paru dans l’Avenir de Bougie, signé du Secrétaire général du gouvernement (M. Peyrouton), alertait les Elus, sur les problèmes de pénurie d’eau destinée à la population. « Le premier devoir d’une municipalité est d’assurer à ses administrés la consommation d’une eau saine et abondante ». Cet article vantait les vertus du traitement de l’eau par filtrage dans un premier temps puis par épuration au moyen de procédés que la science avait mis récemment au service des municipalités. Il suggérait le pompage des eaux de la Soummam, soit en surface soit par filtration naturelle, au moyen de puisards quand le lit de cette rivière serait asséché à la période chaude. La stérilisation de cette eau pourrait se faire par javellisation, l’ozonisation et la verdunisation (2). Ce dernier procédé, le plus récent, né de la guerre 14/18. Cet article tentait à démontrer particulièrement, que le seul entretien de la conduite de Kéfrida serait aussi couteux qu’une station de pompage et de verdunisation. Il demandait, avant que les travaux ne démarrent, que la question soit étudiée de près par une commission du Conseil municipal entourée d’experts. Ce procédé très économique, de stérilisation de l’eau, existait déjà depuis plusieurs années et avait fait ses preuves. Il ne fut pas retenu bien que supporté par l’hydrologue M. Ferlay (que l’on retrouve dans l’article sur l’eau des Aiguades) qui fit de longs exposés pour rappeler à la Municipalité les problèmes de l’hygiène en matière d’eau…
Il y eu beaucoup de détracteurs à ce projet d’adduction de Kéfrida. La presse locale de l’époque a rapporté les joutes auxquelles se livraient ces personnes par articles interposés. Du vrai « Clochemerle ». La satire non plus ne lésinait pas et le maire de l’époque, Félix Borg, en prenait régulièrement pour son grade.
Des blagues étaient dispensées par la Presse comme celle-ci par exemple alors que Bougie attendait désespérément l’eau de Kéfrida : On demandait à un condamné :
- Quelle est votre dernière volonté ?
- Boire l’eau de Kéfrida.
L’hydrologue Ferlay ne lâcha jamais les Elus et exprimait sa rancœur de ne pas avoir été écouté, par de longues diatribes qu’il faisait paraître dans les colonnes de l’Avenir de Bougie, journal d’opposition. A cette époque, cela va disparaître bientôt nous dit-on, il était beaucoup fait usage d’expressions latines dans la Presse. C’est un régal de relire tout cela !
Cette nouvelle adduction était devenue indispensable, celle des Aiguades s’avérant insuffisante et celle de Toudja demandant beaucoup d’entretien et de rénovation.
Mais Bougie n’en avait pas fini, la conduite de Kéfrida causa à son tour beaucoup de tracas à la Municipalité : principalement des bris de tuyaux dus aux affaissements de terrains sur le parcours et surtout du côté de Tichy. La Presse locale nous fait défaut à partir de cet instant pour commenter cela (les archives cessent en 1940). Quelques uns d’entre nous, les plus anciens, ont certainement été témoins d’une partie de ces événements.
Félix Borg (Félix 1er comme le surnomma la Presse d’opposition) fut maire de 1929 à 1945.
Malgré tous ces efforts, Bougie continuera à manquer d’eau régulièrement vous vous en souvenez.
Recherche et mise en page par Roland Pêtre. |
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